dimanche 1 novembre 2009

African Funky?



Il y a quelques mois, alors que les séries de chansons Skank débarquaient sur internet, avec les premiers mixs d’introduction au Funky, j’avais repéré le clip DIY de T Boy qui commence par une introduction hilarante et pleine de second degré. Comme vous pouvez le voir, T Boy se moque tout à la fois des danses un peu puérile du funky, de leur africanité souvent revendiqué et du vieux stéréotype de l’Africain joyeux et un peu simplet. Le tout devient une perle de second degré, où l’accent de T Boy est fortement marqué (probablement exagéré en fait) et qui s’appelle Don’t Jealous Me Funky. Ce fût mon premier contact avec la récupération du Funky par les jeunes africains vivant en Angleterre, qu’il soit de première ou de deuxième génération.



Depuis que je le connais le Funky a été associé à une forme « d’Africanité » autant que le genre est conçu comme un mix de soca et de 2-Step. Dans bien des premiers morceaux il y a une imagerie sonore et nominative qui utilise les images de « percussions tribales », de « retour aux sources » (cf le tribal skank par exemple). En autant que j’ai pu en comprendre, de lectures, visionnements et discussions, le Funky a aussi été associé dès ses débuts à la population noire d’Angleterre plus qu’à aucune autre communauté (si tant est que cela veuille dire quoi que ce soit). Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet de l’usage de cette imagerie de l’africanité dans le discours et les représentations du funky, mais je voudrai plutôt porter attention sur le très intéressant renversement qui apparaît par quelques chansons et quelques vidéos sur youtube. Ce que l’on voit présentement c’est l’apparition, dans la ligné de T-Boy, de chansons qui sont clairement écris et chanté par des africains qui se revendiquent comme tel.



Comment le font-ils? Et bien en soulignant, ou en fait en ne cachant pas leur accent, et aussi en nommant leur chanson avec des marqueurs symboliques très clair. Par exemple, dans le Malewa skank, avant la chanson ils prennent un accent prononcé, qui disparait dans la chanson en tant que telle. L’accent d’abord est important dans les chansons et marque un changement important dans la musique urbaine émergente en Angletterre. Discutant du sujet avec Dub Boy récemment, il me disait que beaucoup d’artistes Grime étant en fait des fils d’immigrants. Par exemple Dizzee Rascal est de deuxième génération Ghanéen et Nigérien, même chose pour Tinchy Stryder. Il y aurait sans doute beaucoup à dire sur le sujet et je ne sais pas si quelqu’un s’est déjà penché sur la question. Outre les questions d’accents, il y a également d’autres voies qui s’ajoute au Funky. Bien évidemment, pour les lecteurs réguliers de Masala, le funky bashment fait le cross over entre la Jamaique et le UK, mais comme le montre la vidéo ci-dessous, il y a même des mélanges d’anglais, français et lingawa.



Mais pour revenir au sujet de cette « africanité » du funky, il est frappant de mettre côte à côte la vidéo du Malewa Skank, où le phantasme du retour aux sources pour des immigrés de première ou seconde génération est mise en scène par le changement de vêtement, comme pour dire, c’est ce que nous sommes vraiment en-dessous, et à côté les montages vidéos de L-Vis 1990 qui utilisent des images de danseurs habillé(déguisé?) presque pareillement, mais qui exprime pour le coup une autre phantasmagorie, celle du producteur blanc qui voit sa musique comme étant « tribal », ou même « primal », dans le double sens de première et de dépouillée jusqu’ aux éléments essentiels.



Alors il se passe quelque chose d’intéressant à Londres en autant que l’on puisse en juger à travers le filtre d’Internet. L’émergence d’Afrikan Boy avec son fort accent africain, aidé par MIA, et des one shots éclairant comme T-Boy ou le Malewa Skank. C’est comme-ci la jeunesse urbaine immigrante d’afrique de l’ouest anglophone est en train de vraiment se mettre en avant et représenter d’où ils sont et qui ils sont (c’est-à-dire un mélange subtil d’identité) en l’exprimant par la musique. Il y a clairement un pont qui se crée entre la tradition caribéenne du « show your flag » et ce mouvement qui s’amorce en distance de ce qui se passait avec le grime. Wayne Marshall me rappelait comment dans bien des situations, il arrivait que de jeunes immigrants, pour se sortir de situations critiques dans la ville, prenaient l’accent et l’attitude «jamaicaine», en espérant recouvrir un peu plus de respect et de «coolitude» généralement attribuée aux Jamaicans dans les communautés caribéennes. Et pour finir sur cette question de différence entre le grime et le funky sur ce point, Dub Boy suggérait que peut-être le format du funky se prêtaient plus à ce genre reprise et retournement de stéréotypes, car le genre en tant que tel serait plus ouvert. La house serait plus malléable que le grime en quelque sorte. Je ne sais pas trop quoi pensé de cette idée, mais j’estime en général qu’on peut faire dire pas mal n’importe quoi à n’importe quelle musique ou format musical, il suffit d’avoir quelque chose à dire et la volonté de battre en brèche les symboles traditionnels.

7 commentaires:

Birdseed a dit...

Nice post. (I hope it's okay if I write a comment in English.)

I thought your take on the double engagement of Funky with Africa was very interesting, and I've certainly noticed the "tribal" aspect, but do you know how well the diaspradic one is doing within the wider funky community? Does it translate well so that the actual Africanness is upvalued as well as the fake one?

Another interesting aspect I think is that funky has continually taken in outside tracks as well, and as I understand it played a decent bit of (at the very least) South African house music. "Turn Me On" by Black Coffee apparently was a big hit in Funky circles in the summer. So there's a third factor of actual African music from Africa present as well.

Gabriel Heatwave a dit...

i babelfished this to be able to understand it but it's kind of garbled - got the gist, but be interesting to know for certain that I'm clear on what you're saying!

w&w a dit...

nice post guillaume! my own take on funky africanness is forthcoming...

@johan, my take: actual vs. fake africanness = false dichotomy

who's to say?

SdC a dit...

Ta réflexion est très intéressante..
J'ai le sentiment que derrière il y a une recherche d'identité personnelle, avant d'être celle d'un courant musical. Un peu comme pendant la période initiée par les jazzmen pendant les 50'jusqu'aux plus célèbres James Brown ou Muhammad Ali dans les 70'.

Mais aujourd'hui il y a un grand changement, que tu soulignes : "Ce que l’on voit présentement c’est l’apparition, dans la ligné de T-Boy, de chansons qui sont clairement écris et chanté par des africains qui se revendiquent comme tel."
C'est très nouveau, du fait, en partie de la facilité d'accès aux moyens de production musicale d'un côté et de l'autre de la possibilité de diffusion des prods.
Enfin un 3° facteur intervient et il n'est pas negligeable : il y a des gens curieux, qui écoutent les nouveautés "hors Occident" et relaient sur leurs blogs, sites...

Mais au fond je crois que c'est bien la recherche d'une identité propre, à soi qui motive l'expression ; sans forcément chercher une différenciation que je qualifierai de "marketing".

Birdseed a dit...

Absolutely true, Wayne, absolutely true.

louis a dit...

hey where can i buy/dl that Malewa Skank track? its dope!!!

Zakariae a dit...

nice post guillaume! my own take on funky africanness is forthcoming...
i babelfished this to be able to understand it but it's kind of garbled - got the gist, but be interesting to know for certain that I'm clear on what you're saying!

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