mardi 25 mars 2008

Citizen Touré



5 sur 5 te donne la parole à TOI citoyen et cette semaine tu t'es exprimé, oui toi citoyen Touré Yayé Alhousseini, tu as posé une question: "Pourquoi les jeunes nigériens se laissent influencer par le rap américain ?"

Sans déconner, un cool reportage sur un groupe de rap nigérien, Black Daps, qui à la demande de Monsieur Touré, enregistre un remix traditionnel de leur chanson "Tous Ensemble".

Cette question aurait très bien pu être posé de façon plus générale : "Pourquoi les jeunes africains délaissent-ils leurs racines pour le modèle américain ?" Selon le dernier numéro de Fader "Édition Afrique", des styles de musiques urbaines comme le hiplife ou le kwaito, qui intègrent des éléments traditionnels, sont en train de disparaître au profit du hip hop américain ou de la house. Et qu'en est il du kuduro ?


Erin MacLeod, notre invité de la semaine dernière à Masala, me disait que c'est la situation politique qui serait responsable de ce désengouement face au kwaito en Afrique du Sud. De retour à une période plus sombre où les espoirs fondés sur la fin de l'apartheid et l'élection de Mandela ont fait place à la déception et à un sentiment de trahison, les jeunes sud-africains se seraient tourné vers un hip hop plus dur qui compte bien se faire entendre avec la venue de la coupe du Monde de soccer en 2010. Sinon dans les clubs, c'est la house importée d'Europe qui règne. Mais "Put your hands up for Detroit" ça fait pas très zulu...

Au Ghana, certains producteurs ne jurent que par le rap américain et ne s'en excuse pas. Le plus célèbre, Hammer, qui se dit grandement influencé par Dr Dre et Scott Torch, mentionne dans Fader: "I don't want to be part of this highlife bullshit. People who rap are using highlife beats now and it's wrong. Highlife should be where it is".

Hammer, Ghana Music.Com 2004

D'autres comme le rappeur hiplife le plus street, Kwaw Kese, genre de croisement entre Lil Wayne et Nas, parle plus d'une question de rythme et de langage: "Hip-Hop is not about english, it's about rhythm, and I have the right rhythm. I want people to understand my language as they want me to understand theirs." On le reconnaît à sa signature "Abodam!", qui veut dire l'extrême folie pour ce que tu fais: "Being mad for what you are." "Madness", un esprit révélateur de l'influence caraïbéenne sur le highlife, en mutation vers un hiplife qui incorpore dancehall, soca et R&B.

Abodam de Kwaw Kese

Fader étant un magazine "trendsetter", on suppose que l'intérêt pour les "nouvelles" musiques africaines va aller en augmentant mais on peut se poser des questions quant à leur avenir. Est-ce que Esau Mwamwaya peut vraiment traverser la barrière du langage et perçer chez les artsy kids ?

Morte en Afrique depuis 2 ou 3 ans, ces nouvelles musiques ne continuent d'exister que dans l'imaginaire d'une minorité occidentale curieuse et friande de nouveaux trophées à "blogger", sorte d'échappatoire à une planète qui ressemble de plus en plus au Circus Afterhours. Pauvre citoyen Touré...

2 commentaires:

Guillaume / Valeo a dit...

Un chose fondamentale à ne pas perdre de vue c'est que le hip-hop en tant que forme musicale (pattern rythmique & rapport musique/voix) est né aux USA. C'est donc normal que le HH américain soit une référence à laquelle tout le monde se rapporte. Le HH français le fait comme les autres.
La remarque est applicable pour le dancehall ou la soca.

Vouloir faire une production "du cru", dépourvue d'influences étrangères ou même avec des références réduites au minimum, est une vision rétrograde de la production musicale (ou même culturelle en général). La crispation identitaire ne mène à rien (note pour le QC), connaître ses racines tout en faisant avancer le mouvement global est la voie à suivre selon moi.

Le citoyen Touré pose la question d'une mauvaise manière. A un moment, les gars disent "mais ca coute trop cher de faire participer les musiciens connus à notre hip-hop!". Y aurait sans doute à creuser ici.

Anonyme a dit...

I disagree with the idea that musics mixing tradish and modern sounds are dying. that sounds also liek a very western obsession. The roots obsessed decry HH for losing touch with indiginous sounds. they blame american rap for detroying indigenous sounds yet They love ali farka toure, amadou & mariam, ethiopiques, things that sound like american jazz and rock music. Then you have hipsters into african rap scenes, daraa j, kuduro, trying to find the music with the most dangerous street cred/booty beats and/or backpacker rap in africa. both "scenes" are perhaps dying yet so small and insignificant as to be nearly nonexistant next to the reality of african pop music and the actually huge scenes alive and well of coupe-decale, mbalax, swahili pop, zouk. The anglo-blogosphere seems to have only discovered magic system within the past few months dispite being global stars since 1999.

Does anyone in africa actually listen to amadou & mariam? Has anyone ever seen a blog post about vivian ndour?

Indeed we are creating our own african music scenes in our heads yet ignoring the scenes alive and kicking.

Besides, its not like hip hop is some horrible opressor and representative of a totally western musical takeover. Africans arent mindless cultural zombies. They seem totally uninterested in most of western pop music, especially rock music, and listen mainly to music made by african americans, taking it on on their own terms and interpreting it in their own ways.

selon moi the only african rap scene I really know is the way overblown galsen scene which in my experience is not about partying but about being against the mbalax dance scene and about young middleclass urban men re-embracing islam and becoming socialist while rapping over american instumentals in wolof.